CULTURE MOF
Le making of décrypte les coulisses du monde de l’art, c’est un formidable vecteur pour voyager au cœur de la création contemporaine.
Le making of est divers, déclinable, riche: Tout est potentiellement «making-offable».
C’est le genre qui parle des autres genres, il est partout.
Il existe des "chapelles" de making of, des «faux» making of, des débats grâce au making of, des ancêtres du making of et comme moi, des fans absolus de making of.
Le making of est une mise en abyme qui ne dit pas son nom. Il est le regard qui se pose
sur le regard que l’on pose sur le monde.
A l’instar d’autres genres filmiques, le making of s’inscrit dans son époque et la raconte, une époque où les secrets sont de plus en plus compliqués à cacher, une époque où plus rien ne saurait rester dans l’ombre.
Au-delà de son aspect récréatif ou promotionnel, le making of doit être considéré comme une forme audiovisuelle symptomatique de notre époque où le besoin de connaître le «truc» du magicien est devenu incontournable.
Je vous propose ci-après de découvrir les grandes lignes de mes making of cultes:


MAKING OF CULTES
Lost In La mancha
d'après le film "Don Quichotte" de Terry Gilliam
Le making of du film qui n'existait pas.

Un cas unique et donc exemplaire, Lost in La mancha devait être un making of parmi tant d'autres, seulement voilà, le film dont il traitait n'a jamais vu le jour. Ce making of reste donc un témoignage unique et hallucinant d'un naufrage, l'illustration brillante de la loi de Murphy, ou quand tout ce qui peut mal tourner tourne plus que mal. La liste des déboires de ce film est telle que cela tourne à l'absurde. Au-delà des conflits personnels et des problèmes d'organisations, somme toute assez classiques lors d'un tournage, nous pouvons citer: vols intempestifs d'avions F16 de l'armée de l'air américaine, pluie diluvienne jamais vue sur un lieu pourtant réputé désertique, entraînant la destruction de la moitié des décors, Jean Rochefort qui se fait une double hernie discale , voire une infection de la prostate, lui interdisant toute montée à cheval (embêtant quand la moitié du temps il doit y être, à cheval)... Epique.
Fucking Kassovitz
d'après "Babylon A.D." de Mathieu Kassovitz
Le making of interdit.

Je me dois de citer un tournage qui s'est tellement mal passé que son making of est devenu "pirate", censuré par la production par ce que témoin trop privilégié de la débandade, il ne sera diffusé que sous le manteau d'internet. Il s'agit surtout de l'opposition entre Vin Diesel et Matthieu Kassovitz, qui tourne à l'affrontement entre équipe américaine et équipe française, chacun soutenant son champion.
The Heart Of darkness
d'après le film "Apocalypse Now" de Francis Ford Coppola
Apocalypse dans les coulisses.

Ce making of illustre combien le tournage d'un film et son propos peuvent se faire écho et comme par capillarité s'entre-mêler pour que le fond et la forme ne se distinguent plus. "Apocalypse Now", c'est mettre en scène l'apocalypse, "The heart of the darkness", son making of, c'est filmer l'apocalypse. Problème de drogues, de budget, de climat, un Marlon Brando ingérable, Coppola a plongé en pleine folie au même titre que les héros de son film. La fiction et la réalité se sont mélangées, "The heart of the darkness" est une mise en abyme ultime.
Coppola conférence de presse à Cannes en 1979:
"Mon film n’est pas un simple film. Mon film ne parle pas du Vietnam, c’est le Vietnam. C’était vraiment comme ça, c’était dingue.Le tournage a beaucoup ressemblé à ce que les américains ont pu vivre là-bas. On était dans la jungle, l’équipe était trop grande. On avait accès à trop d’argent, à trop d’équipement, et peu à peu, on a perdu la raison."
Under Pressure
d'après le film "Abyss" de James Cameron
#qu'estcequ'onenachié

James Cameron a toujours a cœur de rendre possible la réalisation de making of détaillé de ses films. Pour Abyss, il s'agissait de rendre compte des difficultés techniques et humaines lorsqu'il s'agit de tourner sous l'eau. Peur, froid, et fatigue sont au rendez-vous.
James Cameron se met en scène au début du making of, sous l'eau dans son scaphandre: "Je suis James Cameron et je veux vous emmener dans un monde froid, obscur où règne une pression implacable: l'industrie du cinéma."
Quadrilogy Alien
d'après les 4 premiers films de la saga "Alien"
Un réalisateur, un univers.

Les making of ont été réalisés près de 20 ans après la sortie des films, autorisant tous les protagonistes à une liberté de ton très rafraîchissante à Hollywood. Lorsqu'il n'y a plus d'enjeux politiques et économiques, les langues se délient. Le montage alterné des interviews permet de mettre en exergue les tensions qui régnaient au sein des équipes, et comment le système hollywoodien peut broyer de jeunes cinéastes talentueux.
DAVID GILER (Producteur): "On l’a réécrit de A à Z. Tous les dialogues, tous les personnages, cette ambiance de routier de l’espace, l’intrigue autour du robot. C’était comme un nouveau scénario."
DAN O’BANNON (Scénariste): "Pour moi, Walter (Hill, producteur NDLR) ne faisait que remuer nos idées. (...) Il pensait naïvement que changer tous les noms des personnages était une grande contribution à la réécriture de l’histoire."